Lucie
Par
Henri Gray
J’ai vu les gens hurler tout autours de moi, j’ai vu leurs visages déformés par la douleur, ce devait être
assourdissant, mais je n’entendais rien…
Lucie se réveilla. La première chose qu’elle vit fut le plafond
bleu-gris de la petite pièce. Elle ne savait pas où elle était, mais
elle savait dans quoi elle était. « Pourquoi m’ont-ils envoyée dans
l’espace ? » Ses lèvres formèrent les mots, mais aucun son ne sortit de
sa bouche. Il fallait un petit moment pour retrouver l’usage de la
parole après un sommeil cryogénique. Elle se leva, essaya de rassembler
ses souvenirs. Quelle était la dernière chose…
… Le
docteur Frederik. Il lui avait donné ses médicaments comme tous les
soirs, avec une petite pilule en plus, pour l’aider à mieux dormir, lui
avait il dit. Et elle était là. La pièce, située à l’intérieur d’une
capsule spatiale, n’avait qu’un petit hublot donnant sur un sas non
éclairé. Elle y vit son visage, celui d’une jeune femme de 25 ans aux
cheveux en bataille. Elle y vit aussi sa nudité. D’un réflexe, elle mit
sa main devant sa poitrine et son autre main entre ses jambes, avant de
se rendre compte qu’elle n’avait personne à qui cacher quoi que ce
soit. Elle se détendit. Au coin de la pièce, se trouvait un uniforme
beige. Elle l’examina un moment, il lui plaisait, il lui rappelait ce
pyjama qu’elle portait il y a longtemps, lorsque tout allait bien, et
qu’elle vivait à la maison, avec Papa et Maman.
- Bonjour, Mademoiselle Lucie
La voix était masculine, chaude et rassurante. Lucie reconnut l’homme en face d’Elle. Elle savait qu’il n’était pas réel.
- C’est vous Karl ?
- Bien sûr, mademoiselle, toujours à votre service.
- Non, Karl, ce n’est pas bien, vous n’êtes pas vrai, vous êtes une
image dans ma tête, vous êtes une voix qui n’est pas réelle.
- Je n’ai jamais prétendu le contraire, mademoiselle Lucie.
- Il faut que je prenne mes médicaments, une fois que j’aurais pris mes médicaments, tout ira mieux.
- Il n’y a pas de médicament ici, mademoiselle.
Lucie resta interloquée devant cette vision. Karl était un homme
habillé en majordome. La quarantaine, il avait les tempes grisonnantes
et un air affable, le genre de personne qu’on jugerait incapable du
moindre mal.
- Pourquoi, dit Lucie. Pourquoi suis-je ici ? Où suis-je d’ailleurs ? Où est le docteur ?
- Si vous me le permettez, mademoiselle, mettez d’abord vos vêtements, vous allez prendre froid.
- Je veux bien, Karl, mais ils sont trop grands. Ce sont des vêtements d’adultes, je suis trop petite.
- Mais non, voyons, ils ont été taillés pour vous, laissez moi vous aider.
Le majordome prit la main de Lucie dans la sienne. Lucie vit sa main.
Elle était devenue petite et menue, elle avait de nouveau dix ans, et
Karl l’aidait à enfiler son pyjama. « Non, se dit elle, je n’ai pas dix
ans, je suis seule dans une capsule spatiale, en train de parler à mon
ami imaginaire » L’espace d’un instant, elle se retrouva dans son corps
d’adulte, en train d’enfiler un uniforme qui était parfaitement à sa
taille, toute seule
- Lucie, s’il vous plait !
Comme brutalement, Karl fut de nouveau devant elle, et elle avait de
nouveau 10 ans. En effet, le pyjama lui allait parfaitement
- C’est vrai, mademoiselle, vous êtes seule et adulte, mais est-ce vraiment ce que vous voulez croire ?
- Je ne veux pas être seule, Karl, s’il vous plait.
- Je ne vous quitte plus, mademoiselle. Nous allons bientôt arriver.
- Arriver où, Karl ?
- Le docteur Frederik m’a tout expliqué, ne vous inquiétez pas.
Un signal sonore se fit entendre à l’intérieur de la capsule. Lucie
prit peur. Karl se déplaça pour se trouver à coté de la capsule
d’hibernation.
- Venez ici, mademoiselle
- J’ai peur Karl, je ne sais pas ce qui se passe
- Il se passe simplement que nous arrivons, mademoiselle, regardez dans votre caisson.
Karl montra un bouton.
- Appuyez dessus, dit il simplement.
Lucie s’exécuta. Un compartiment s’ouvrit. A l’intérieur…
- Rodolphe ! Cria Lucie, transportée de joie de retrouver son nounours.
Elle prit dans ses bras la peluche brune et usée, mais tenant encore en
un seul morceau et commença à la câliner.
- Nous y voici.
La porte du sas était ouverte. La capsule s’était arrimée à un
bâtiment. Il faisait noir à l’intérieur. Lucie serrait convulsivement
sa peluche dans son bras gauche et tendit sa main vers Karl, qui la lui
prit avec douceur.
- Venez, mademoiselle, nous sommes arrivés chez nous.
- Chez nous ? Vraiment ?
- Oui. Ne vous inquiétez pas, je vous l’ai dit, le docteur m’a tout expliqué.
- Je ne veux pas y aller, il fait noir.
- Vous n’avez qu’à crier « Lumière » et tout s’éclairera.
Lucie passa le sas et fit un pas à l’intérieur de la base spatiale.
Elle cria « Lumière » et les capteurs envoyèrent immédiatement l’ordre
d’allumer les lumières du hall principal d’accueil de la base-relai
Synchron V. Après plus de 10 années de solitude, cette base avait
retrouvé un occupant…
C’est seulement lorsqu’ils se furent tu que je me suis rendu compte de
leurs cris. Le silence déchirant de ces morts me hantait hier et me
hante encore aujourd’hui
-Et là, on est où ?
- Il s’agit du bureau du commandant, c’est là qu’étaient prises toutes les décisions en cas de problèmes graves.
- C’est joli ici, Karl, Je peux m’installer ?
- Je vous le déconseille. Vous pourrez revenir ici quand vous voudrez,
mais il y a de meilleurs endroits pour jouer. Les chambres se trouvent
plus loin.
- Comment sais tu tout ça, Karl ? Nous ne sommes jamais venus là auparavant.
- Le docteur m’a donné tous les plans de cet endroit, ainsi que des consignes détaillées.
- Pourquoi tu dis tout le temps ça ? Le docteur m’a toujours dit que tu n’étais pas réel. Il ne peut pas t’avoir parlé
- Vous ne l’avez pas écouté attentivement, Lucie. Il a dit que je
n’étais pas une personne physique, pas que je n’existais pas.
- S’il te plait, Karl, je voudrais rester seule un instant.
Le majordome se retire silencieusement. Lucie est de nouveau seule, et
adulte. Dans sa main, Rodolphe le regarde de ses yeux en boutons de
chemise. Délicatement, elle le pose sur le bureau du capitaine. Elle en
fait le tour et s’assoit sur le confortable fauteuil. Elle avise un
tiroir à moitié ouvert, en sort une bouteille et un verre et se sert un
whisky.
- Posez
ça ! Une voix forte se fait entendre. Le fauteuil semble soudain trop
grand pour Lucie, qui de surprise, lâche le verre.
Un homme est apparu à coté d’elle. Grand, massif, vêtu d’un uniforme, il la regarde sévèrement.
- Ne touchez pas à cette bouteille, d’accord ? J’ai moi-même empoisonné
ce whisky pour en finir avec ces voix qui courent dans cet endroit. Il
faut partir, d’ici, vous entendez ? Partir ! Des gens sont morts ici,
beaucoup de gens ! Et vous allez mourir aussi si vous restez.
- Pourquoi vous criez si fort, monsieur ?
L’homme semble ne pas l’avoir entendu. Son teint vire au rouge vif
- Vous ne savez pas ce que c’est que de vivre dans cette station, vous
ne savez pas ce qui s’est passé ! Vous ne savez rien, rien du tout !
- Mademoiselle Lucie ? Cet homme vous dérange ?
- Non, il est rigolo. On dirait qu’il veut me faire peur.
Karl regarde l’homme d’un air hautain, et celui-ci s’arrête de parler.
Il a l’air surpris, il se met à bouger et à remuer les lèvres, mais
plus aucun son n’émane de lui. Lucie se lève, récupère Rodolphe et sort
du bureau, fermant bien la porte derrière elle. Karl la précède.
- Et si nous allions voir la salle des machines ? Demande-t-il
- Ca ne doit pas être joli
- Ca peut être intéressant. Venez, c’est par là.
La pièce est immense, avec des murs tapissés de boutons et écrans de contrôle.
- Comment ça marche tout ça, Karl ?
- C’est automatisé, ne vous inquiétez pas, mademoiselle.
- Et ça, c’est quoi ?
Au centre de la pièce, se trouve un gigantesque cylindre de métal, avec une petite lucarne.
- Il s’agit de la chambre de combustion, regardez à l’intérieur, le verre est teinté, vous ne serez pas aveuglée.
A peine Lucie a-t-elle levé les yeux vers la lucarne d’où vient une
lumière encore forte, qu’une main se pose sur la vitre en question
depuis l’intérieur du cylindre. Et soudain, des formes lumineuses
rougeoyantes et translucides s’extirpent du cylindre, par dizaines. Ils
semblent glisser à travers le métal. Sitôt sortis du cylindre, ils
volent à travers la pièce, sans se croiser. Lucie est émerveillée.
L’une de ces formes se dirige vers elle, s’écrase sur le sol telle une
masse de gélatine lumineuse pour se relever, se reformer, et prendre la
forme d’un squelette en flamme.
- Je
m’appelle Terry, dit le squelette. Je n’étais rien d’autre qu’un petit
machiniste sur le croiseur de combat Correllius. Quand il a été évacué,
on m’a enfermé dans la salle des machine, et condamné à brûler.
Pourquoi ai-je du souffrir autant, Pourquoi, pouvez vous me dire
pourquoi ?
- Non, dit Lucie, je ne le peux pas.
La mâchoire du squelette en flamme continue de bouger, mais Lucie ne
l’entend plus. Elle continue de le regarder, puis elle regarde à
nouveau les autres spectres qui volent à travers la gigantesque salle
des machines, et tout s’arrête d’un coup. Karl invite la jeune fille à
sortir. Elle se promet de revenir plus tard.
Le couloir est jonché de cadavres, Lucie marche précautionneusement pour n’écraser personne. Certains sont en train
de tousser en crachant du sang.
- On ne devrait pas leur donner du sirop pour la toux ? Demande Lucie
- Il ne s’agit pas d’une toux ordinaire, dit Karl, ces gens ont été
empoisonné par un missile à gaz qui a percé la coque de leur vaisseau.
- Les pauvres, soupire Lucie.
Elle continue d’éviter les cadavres jusqu’à la salle suivante. Avant d’entrer, elle se retourne ; les cadavres ont disparus
- voici la cantine. Vous n’aurez qu’à demander à la machine votre plat,
et celui-ci se préparera immédiatement et automatiquement.
- Pourquoi il y a encore des gens morts, Karl ?
- Cette cantine ressemble beaucoup à celle d’un vaisseau qui s’est fait
abordé et dans lequel il y a eu des affrontements violents.
- Oh, chouette, il y a encore une place de libre. Il y a en effet encore une chaise inoccupée entre deux cadavres. A peine s’est elle assise que les morts disparaissent
- Mais comment font ils ça ? c’est des magiciens ?
- Vous vous en sortez très bien, mademoiselle. Est-ce que vous aimez cet endroit ?
- C’est étrange, Karl, c’est comme si des tas de gens avaient été très malheureux ici et autours.
- Oui, mais vous, êtes vous malheureuse ?
- Non, j’ai toute cette station pour moi toute seule, et puis j’ai Rodolphe, et puis tu es là, Karl.
Karl a l’air compatissant. Il hoche la tête doucement en parlant presque à regret. « Tous se passe très bien »
La dernière porte s’ouvre sur une pièce sombre. Lucie s’avance et la porte derrière elle se ferme automatiquement.
Toute la lumière vient des étoiles qui brillent dehors.
- On a l’impression de flotter dans l’espace, c’est magnifique.
- Il faudrait peut être allumer, mademoiselle, vous pourriez trébucher
- Lumière ! Voilà. Je suppose qu’il s’agit de la principale salle de contrôle.
Lucie se voit nouveau en jeune femme. Elle regarde Karl avec tristesse.
- Je comprends maintenant pourquoi tu sais tant de choses, je les sais
moi-même, j’ai compris pourquoi je suis ici. C’est à cause de tous ces
morts, c’est ça ?
- C’est exact, mademoiselle Lucie
- Laissez moi un instant, s’il vous plait Karl.
Lucie est seule. Devant elle se trouve un fauteuil qui fait face à un
pupitre de commande. Elle y met Rodolphe. Puis elle se dirige vers la
baie vitrée. Posant sa main sur la vitre, elle voit son vrai visage,
pour la dernière fois lui semble-t-elle. Si tout cela n’était pas
arrivé, elle aurait pu être… Mieux vaut ne pas y penser. La petite
fille se dirige vers le fauteuil. Il est un peu grand pour elle, mais
il est très confortable. Les bras sont assez larges pour y installer
son ours en peluche. Les boutons clignotent. Sur l’écran des ordres
apparaissent.
- Karl, s’il te plait, que veulent dire toutes ces choses ?
- Je vais vous expliquer ce qu’il faut faire…
- Tu seras toujours là pour moi, Karl ?
- Oui, mademoiselle, toujours…
Et j’ai enfin compris
que ce qui m’assourdissait, ce n’était pas les hurlements de ces morts,
mais le silence pesant qui leur était imposé par ceux qui, non
seulement avaient initié ces morts, mais maintenant s’évertuent à les
faire oublier.
Les doigts se croisent et se décroisent à rythme régulier. L’homme à
qui appartiennent ces doigts est en train de regarder alternativement
un médecin, un ingénieur et un écran. Les deux hommes ont un air
vaguement confiant, Sur l’écran, est projeté une scène curieuse : une
jeune femme portant un pyjama gris utilise une console de commande. Ses
gestes n’ont pas l’air assurés. Souvent elle tourne la tête vers sa
gauche, comme si elle parlait à quelqu’un et sur le bras droit de son
fauteuil trône un vieil ours en peluche.
L’homme décroise une dernière fois ses doigts et chaque main vient
s’abattre sur son coude opposé. Ayant les bras ainsi croisés, l’homme
se redresse légèrement pour mettre en valeur ses décorations et ses
galons. Son regard se durcit :
- Messieurs, j’attends quelques explications.
L’espace d’une seconde, ses deux interlocuteurs se concertent du
regard. Le médecin a un léger mouvement du menton. L’ingénieur se lance
alors.
- Mon
général, le problème à résoudre était celui de la base-relai Synchron
V. Cette base est située dans un secteur important pour les
communications et les transports spatiaux, que ce soit de personnes de
troupes ou de …
-
Abrégez, voulez-vous ? Je suis au courant de l’importance de cette
zone. Je veux savoir ce que cette cinglée fait dans ma base !
- J’y
viens. Vous n’êtes pas sans savoir que le secteur en question a été, il
y a de cela près de vingt ans, le théâtre de la bataille dite des
étoiles rouges. Les forces de la coalition ayant envoyé toutes leur
flotte contre l’Imperium, lequel a répliqué de la même manière. Les
morts se comptant en millions, des croiseurs de type Z ayant même été
détruits.
- Oui, et alors ? Où voulez vous en venir ?
- A ceci : depuis cette bataille, un phénomène encore inexpliqué s’est
produit. Il se traduit par des cauchemars lors de voyages en hyper
sommeil passant par ce secteur, ce qui en soit n’est pas grave, mais
surtout par des troubles mentaux des personnes qui y restent. Ces
troubles mentaux ont abouti aux tristes évènements survenus un mois
après l’arrivée de la première équipe sur cette base-relai. Pour
reprendre vos termes, mon général, ce fut une boucherie. Depuis, nous
avons envoyé une équipe d’investigation, il ne leur a pas fallu plus
d’une semaine pour se massacrer les uns les autres. Nous n’avons pu
analyser clairement le phénomène, et n’avons pu aboutir qu’à des
suppositions.
L’ingénieur s’interrompt, s’attendant à être coupé, mais le général
reste muet. D’un geste de la main, ce dernier l’invite à poursuivre.
- Voilà,
nous pensons que des phénomènes, probablement électriques ou
magnétiques, sont à l’origine de la situation. Ils occasionnent aux
gens qui restent trop longtemps des délires et des visions qui
finissent par les déstabiliser complètement. Le tout aboutissant aux
massacres dont je viens de vous parler.
L’ingénieur s’arrête, et invite d’un geste son collègue à prendre la parole.
- Mon collègue a travaillé sur une solution pour assurer le
fonctionnement de cette base-relai. L’avantage étant que celle-ci
était, pour la majeure partie des tâches, complètement automatisée. La
présence humaine est quand même nécessaire pour la maintenance
spécifique. Il fallait au moins une personne dans cette base pour y
veiller. C’est alors que j’ai proposé cette idée, qui, certes, peut
paraître incongrue, mais qui se révèle finalement efficace. En gros,
l’idée est la suivante. Puisque l’on devient fou en restant dans cette
station, pourquoi ne pas envoyer une personne déjà mentalement
atteinte.
Il désigne l’écran. On y voyait la jeune fille, toujours sur son fauteuil, en train de serrer sa peluche dans ses bras.
- Je vous présente Lucie Peyne. C’est un sujet d’expérimentation
intéressant. Cette jeune femme a souffert d’être séparé de ses parents
trop tôt. Elle a intériorisé sa souffrance pendant de longues années,
et elle a fini par subir des sévices sexuels… je vous passe les
détails.
- Je vous remercie de rester bref, dit le général en avertissement.
- Elle a fini par créer son propre monde dans lequel elle a toujours 10
ans et son lien avec le monde réel est un personnage imaginaire, un
homme nommé Karl, un genre de domestique qui la sert en tout. Le
docteur Frederik, son médecin traitant, avait réussi à la soigner,
grâce à un traitement à base d’hypnose et de médicaments. J’ai du
réquisitionner la jeune femme pour raison d’état. Son médecin s’y est
opposé, et nous avons du nous en occuper… Je vous passe les détails.
Nous avons ensuite réorienté sa thérapie, en faisant de nouvelles
séances d’hypnose, tout en arrêtant progressivement les médicaments, de
manière à augmenter sa psychose pour nous permettre d’atteindre notre
but. L’idée étant d’opposer aux délires affectant tous les occupants de
la base-relai une psychose déjà installée.
- Si
j’ai bien compris, elle ne peut pas devenir encore plus folle car elle
l’est déjà. C’est bien, mais en quoi peut elle faire marcher ma base ?
- Grâce
à l’hypnose, monsieur. Nous lui avons appris tout ce qu’elle doit
savoir concernant cette station, et, en dehors de son état mental, elle
sait faire preuve d’analyse et de résoudre la plupart des problèmes.
Mon collègue vous le confirmera, grâce à cette personne, nous pouvons
faire fonctionner cette station plusieurs années.
- Et après ?
- Après nous n’aurons qu’à trouver des personnes avec cette même
pathologie pour continuer, nous pourrons même si besoin est la générer
sur des sujets qui n’existent pas officiellement. Il reste quelques
tests à effectuer, pour voir si Lucie est vraiment bien adaptée à son
nouvel environnement, mais l’opération semble être un succès.
- Bien
messieurs. Je compte sur vous pour permettre le bon fonctionnement de
cette base-relai. Je veillerai à la non prolifération de cette
information. Bonne journée, et vive l’imperium !
- Vive l’imperium ! Disent en chœur les deux hommes en se levant….
Au loin, dans une petite base spatiale, une petite fille appuie sur des
boutons en suivant les conseils de son ami Karl. Autours d’elle, des
hommes et des femmes la regardent. Certains ont un teint gris, d’autres
une tâche de sang sur leurs vêtements, certains n’ont plus que la
moitié de leur tête, quand ce n’est pas un ou plusieurs membres qui
leur manque. Ils la regardent tous, sans colère, mais avec compassion.
Ils n’ont pas de raison d’essayer de l’effrayer. Elle est comme eux, le
fantôme d’une guerre qu’elle n’a pas voulue.
haut Retour
Copyright(c) 2008
Ben Company / Henri Gray Tous droits réservés.
|